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TABLEAU

donna de punir les auteurs du trouble, sans avoir égard aux privilèges de l’Université, qui déroboient au juge ordinaire les causes de ses membres et de ses suppôts. Le prévôt de Paris surprit les écoliers réunis un jour de fête dans une campagne voisine ; il les attaqua : quelques-uns furent tués. L’Université demanda sur-le-champ une satisfaction éclatante, qui lui fut refusée. Alors elle quitta Paris, et se dispersa dans les provinces et chez l’étranger. Quelques professeurs s’établirent dans les villes d’Orléans et d’Angers, et l’on croit que telle fut l’origine de ces deux Universités ; d’autres passèrent dans la Bretagne et en Angleterre, chez les ennemis les plus acharnés de la Régente, qui s’empressèrent de leur donner asile et protection. Les écoliers mécontens firent d’affreux libelles contre la Reine, et renouvelèrent les anciennes calomnies sur ses liaisons avec le cardinal de Saint-Ange.

Les calomnies ne s’arrêtèrent pas là. Le jeune Louis entroit dans l’adolescence : sa figure, pleine d’agrément et de grâces, produisoit une impression profonde sur tous ceux qui l’approchoient ; et quelques femmes ne cachèrent pas cette impression. On prétendit qu’il avoit déjà des maîtresses, et que sa mère, pour conserver plus long-temps le pouvoir, avoit la bassesse de favoriser ce penchant. La rumeur alla si loin, qu’un religieux osa se présenter à Blanche, comme l’organe des personnes pieuses, et lui reprocher sa complaisance. La Reine, lui sachant gré de sa hardiesse, daigna lui répondre : « Le Roi mon fils, continua-t-elle, est la créature que j’aime le plus : et cependant si, pour sauver sa vie, il falloit permettre qu’il offensât Dieu, j’aimerois mieux le voir mourir. » Ce