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TABLEAU

distribua des évêchés et des bénéfices ecclésiastiques, dans le royaume de Naples, malgré les lois existantes qui réservoient ce droit aux papes ; et, feignant toujours de vouloir partir pour la croisade, il épousa la fille de Jean de Brienne, roi de Jérusalem, dans l’intention de dépouiller son beau-père de ce royaume ; projet qu’il exécuta peu d’années après.

En 1225, pressé par les représentations d’Honorius III, qui jusqu’alors avoit différé de sévir contre lui, il promit de partir dans deux ans pour la Terre sainte, se soumettant à l’excommunication s’il ne remplissoit pas ce nouvel engagement. Rien de plus solennel que ce traité : Frédéric prêta serment entre les mains de deux cardinaux, à San Germane, près du Mont-Cassin, le 25 juillet 1225.

Cependant Honorius prit des précautions contre Frédéric dont il avoit eu le temps d’étudier le caractère. Une ligue de plusieurs villes de Lombardie fut formée pour s’opposer à l’ambition de l’Empereur. Alors Frédéric, feignant d’accomplir ses promesses, se rendit à Otrante, comme pour s’embarquer : mais sous le prétexte d’une maladie, il revint bientôt sur ses pas. Il est probable que le prudent Honorius n’auroit pas encore éclaté contre un prince auquel il étoit attaché par ses bienfaits ; mais il venoit de mourir, et le fougueux Grégoire IX étoit parvenu à la tiare.

Ce pontife, vieillard austère et inflexible, regardant comme son devoir le plus sacré, la conservation des droits acquis par ses prédécesseurs, joignoit à des vertus dignes d’estime, le caractère le plus emporté. Révolté de la conduite de Frédéric, il l’excommunia dans l’église d’Agnani, le 29 septembre 1227. Le texte