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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

avoit été trompé par trois imposteurs, Moïse, Mahemet, et le Dieu des Chrétiens. Frédéric combattit cette monstrueuse accusation par une profession de foi catholique.

Alors, des deux côtés, les passions ne connurent plus de bornes : et si, jusque-là, les torts avoient été souvent du côté de Frédéric, ils furent partagés depuis par Grégoire IX et ses successeurs. Le Pape s’efforça de soulever tous les princes chrétiens contre l’Fmpereur, disant qu’une croisade contre lui étoit plus méritoire qu’une croisade contre les Infidèles.

Ce fut dans cette circonstance, au commencement de l’année 1240, que le cardinal Jacques, évêque de Palestrine, légat de Grégoire IX, vint en France pour y publier l’excommunication contre Frédéric et pour assembler un concile national. Nous allons voir Louis, dans tout le cours de son règne, tenir la balance la plus exacte entre ces rivaux implacables, s’élever, quoique encore dans la première jeunesse, au-dessus de deux princes renommés par leurs talens et leur longue expérience, concilier enfin, d’après les idées du temps, le respect qu’il devoit au saint Siège avec l’intérêt qu’il ne pouvoit s’empêcher de prendre à l’indépendance temporelle des souverains.

Le cardinal de Palestrine réunit à Meaux le concile national, et notifia aux évêques l’excommunication et la déposition de Frédéric. Il étoit chargé d’une mission encore plus importante auprès du Roi. Dans une entrevue particulière qu’il obtint de lui, il proposa, de la part du Pape, d’élever au trône impérial vacant, Robert, comte d’Artois. La réponse de Louis fut rem-