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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

-uns à la sortie du port de Gênes ; mais la fermeté avec laquelle Louis les réclama, les fit bientôt relâcher. (Voyez Mémoires de Ville-Hardouin.)

Le Roi, qui s’étoit fait craindre de Frédéric, et dont le Pape imploroit l’appui, se préparoit à terminer, par des négociations nobles et franches, cette lutte cruelle, lorsqu’une nouvelle guerre, qui pensa compromettre son trône, fixa seule toute son attention.

Le comte de la Marche, Hugues de Lusignan, que nous avons vu jusqu’ici figurer en sous-ordre dans les ligues formées contre la régence, parut au premier rang dans cette guerre beaucoup plus sérieuse. Isabelle sa femme, veuve de Jean-Sans-Terre, et mère de Henri III, roi d’Angleterre, toujours livrée à l’ambition, à la haine et à la vengeance, passions irritées par les obstacles, et augmentées avec l’âge, avoit déterminé son fils à passer de nouveau en France, lui promettant l’assistance des rois de Castille et d’Arragon, du comte de Toulouse et de plusieurs seigneurs mécontens. Cette ligue s’étoit formée dans le secret le plus profond.

Louis, sans défiance, vint tenir une cour plénière à Saumur, où se trouva le roi de Navarre, revenu de la croisade, après avoir éprouvé de grands revers, et désormais vassal aussi loyal que fidèle. De là il se rendit à Poitiers pour installer son frère Alphonse dans ce fief. Cette cérémonie achevée, les vassaux du Roi se retirèrent suivant l’usage ; et ce prince n’avoit plus avec lui que sa maison et celle du comte son frère. Lusignan, qui venoit de faire hommage à ce dernier, se déclare alors, et fait entourer par ses troupes la ville de Poitiers. Le Roi, conservant dans ce danger