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TABLEAU

sept ans, ce prince doué d’une multitude de belles qualités, et qui, pour son malheur, ne sut pas en faire un bon usage. Il possédoit le grec, le latin et presque toutes les langues vivantes. Une traduction latine des Œuvres d’Aristote, faite sur des manuscrits grecs et arabes, parut sous ses auspices. Les lettres lui doivent une partie des progrès qu’elles firent dans ce temps, et les universités de Vienne et de Naples le regardent comme leur fondateur. Tant de qualités, qui le rendoient digne de régner, furent ternies par une ambition insatiable, et par une fausseté qui dégradoit son caractère. On l’a vu prodiguer les sermens, et se faire un jeu de les violer. Ce fut ce qui rendit Grégoire IX et Innocent IV implacables dans les persécutions dont il fut enfin la victime. Ne pouvant se fier à sa parole, ils ne crurent trouver leur salut que dans sa ruine. L’examen de ses démêlés avec la cour de Rome prouve qu’il eut presque toujours tort, d’après le droit public et les préjugés du siècle, ce qui ne justifie pas cependant les papes d’avoir abusé contre lui des avantages de la victoire.

En faisant ses préparatifs de départ, Louis eut soin d’appaiser parmi les seigneurs tous les différends qui pouvoient occasionner des troubles pendant son absence. Il fut l’arbitre d’une cause fort singulière, la plus importante qu’il eût à juger, et qui, malgré ses sages précautions, fit naître par la suite une guerre cruelle.

Baudouin, comte de Flandre, qui conquit l’Empire grec, en partant pour la croisade avoit laissé son fief à Jeanne, qui épousa Ferrand de Portugal,