Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 3.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
117
SUR L’HISTOIRE DE S. LOUYS.

que les Alemans en apprirent l’usage de lui, au même temps que les François.

Mais entre tous les auteurs, qui ont écrit des tournois, les Grecs avouent franchement que ceux de leur nation en ont tiré la pratique des Latins, c’est à dire des François, qui en furent les inventeurs. Nicéphore Gregoras en parle de la sorte. Εἶτα ϰαὶ ἀγῶνας ἐξετέλεσε δύο, μἰμησίν τινα τῶν Ὀλυμπιαϰῶν· ἀποσώζοντας,… οἱ δὴ τοῖς Λατίνοις πάλαι ἐπινενόηται γυμνασίας ἕνεϰα σώματος, ὀπόθεν σχολὴν ἄγοιεν τῶν πολεμιϰῶν[1]. Jean Cantacuzene[2] designe plus distinctement le temps auquel on commença à user des tournois dans l’empire d’orient : sçavoir lorsqu’Anne de Savoie, fille d’Amé IV, comte de Savoye vint à Constantinople pour y épouser le jeune Andronique Paléologue empereur (ce mariage se fit en l’an 1326) ; car alors la noblesse de Savoie et de France, qui avoit accompagné cette princesse, fit des tournois dans cette capitale de l’empire, et en apprit ainsi l’usage aux Grecs : ϰαὶ τὴν λεγομένην τζουστρίας, ϰαὶ τὰ τερνεμέντα αὐτοὶ πρῶτοι ἐδίδαξαν Ῥωμαίους, οὔπω πρότερον περὶ τοιούτων εἰδότας οὐδέν. Mais il y a lieu de douter si les tournois ne commencerent à estre celebrez dans l’empire Grec, que depuis ce temps-là. Car Nicetas[3] nous apprend que l’empereur Manuel Comnene estant en la ville d’Antioche, les Grecs combatirent contre les Latins dans un tournoy, et lui-même voulant faire voir qu’il ne cedoit en rien aux François dans la dextérité à manier la lance, il s’y trouva, et y combattit avec ceux de sa nation. Il y a

  1. Niceph. Gregor. l. 10 p. 339.
  2. Jo. Cantacuz. l. i, c. 42.
  3. Nicet. in Man. l. 3, c. 3.