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DES MANUSCRITS ARABES.

les conquêtes que nous avons faites sur les Chrétiens ; nous les avons chassés des pays qu’ils possédoient, les villes les plus fortes sont tombées sous nos coups. Ressouvenez-vous du passage de l’Alcoran, qui dit que ceux qui combattront injustement périront ; et d’un autre, qui dit ; combien de fois des armées nombreuses ont-elles été défaites par une poignée de soldats ! Dieu favorise la justice, et nous ne doutons point qu’il ne nous protège et qu’il ne confonde vos desseins orgueilleux. »

Le samedi les François firent leur descente à la même plage où étoit assis le camp de Fakreddin ; ils dressèrent une tente rouge pour leur Roi : les musulmans firent quelques mouvemens pour les empêcher de mettre pied à terre ; l’émir Nedjm-Eddin et l’émir Sarimeddin furent tués dans ces escarmouches.

À l’entrée de la nuit l’émir Fakreddin décampa avec toute son armée, et passa sur le pont qui conduit à la rive orientale du Nil, où se trouve située Damiette ; il prit la route d’Achmoum-Tanah : par cette marche les François se trouvèrent les maîtres de la rive occidentale du fleuve.

Rien ne peut représenter la désolation des habitans de Damiette, quand ils virent l’Emir Fakreddin s’éloigner de leur ville et les abandonner à la fureur des Chrétiens ; ils n’osèrent attendre l’ennemi, et se retirèrent avec précipitation pendant la nuit. La conduite du Général Musulman étoit d’autant moins excusable, que la garnison étoit nombreuse et composée des plus braves de la Tribu de Beni-Kénané, et que Damiette[1] étoit plus en état de résister que quand

  1. Damiette. La ville de Damiette est placée un peu au-dessus d’une des