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DE L’USAGE DU CRY D’ARMES.



Tous les gentils-hommes et tous les nobles n’avoient pas le droit du cry d’armes : c’estoit un privilège qui n’appartenoit qu’à ceux qui estoient chefs ou conducteurs de troupes, et qui avoient bannière dans l’armée. C’est pourquoy ceux-là#1 ont raison, qui entre les prérogatives du chevalier banneret, y mettent celle d’avoir cry d’armes : d’autant que le cry servoit proprement à animer ceux qui estoient sous la conduite d’un chef, et à les rallier dans le besoin. De sorte qu’il arrivoit que dans une armée il y avoit autant de cris comme il y avoit de bannières, châque cry estant pour le particulier de châque compagnie, troupe, ou brigade, ou pour parler en termes du temps, de chaque route. D’où vient que Guillaume Guiart se sert du terme de crier bannière en l’an 1195 :

Et n’oïssiez crier Montjoie,
Que la bataille ne remaingne
Saint Pol, Ponti, Drues, Champaigne,
Melun, Bourgoingne, Ferrières,
Et autres diverses bannières.


Froissart et les autres usent des termes de crier les enseignes, comme j’ay remarqué.

Mais outre ces cris particuliers il y en avoit un qui estoit général pour toute l’armée, différent du mot du guet, lequel cry estoit ordinairement le cry de la maison du général de l’armée, et de celuy qui com-[1]

  1. À. Favyn au Théâtre d’Honneur, l. I p.24.