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les derniers ducs d’Anjou crioient Montjoye Anjou : ce dernier mot qui faisoit la diffèrence du cry principal, marquoit l’excellence du duché d’Anjou, qui appartenoit et donnoit le nom à cette branche. Un héraut blasonnant les armes de René roy de Sicile et duc d’Anjou :

Il crie Montjoye Anjou, car tel est son plaisir[1],
Pour devises Chauffrettes il porte d’ardant désir.

Charles comte d’Anjou combattant contre Mainfroy roy de Sicile, cria le cry du roy de France son frère, sous les auspices duquel il avoit entrepris cette conqueste, et sire Charles suivit l’estour criant à haute voix Montjoye saint Denys[2]. Les ducs de Bourgogne, tant de la première, que de la seconde branche, toutes deux issuës de la maison royale de France, avoient pour cry Montjoye au noble duc, ou Montjoye S. Andrieu[3], à cause de la particulière dévotion qu’ils portoient à ce saint, qu’ils avoient choisi pour patron. Les historiens de Bourgogne[4] racontent qu’Estienne, roy de Bourgogne, fut le premier qui prit pour enseigne de guerre la croix de S. André, et que ce fut lui qui l’ayant apportée de l’Achaïe, la donna au Menastere des religieuses de Weaune proche de Marseille, d’où depuis elle fut transférée en l’église de S. Victor vers l’an 1250, où elle se voit à présent. Quelques-uns estiment que cet Estienne roy de Bourgogne, n’est autre que Gundioche, qui mourut en la bataille de Châlons contre Attila, dautant qu’il ne se lit point qu’il y ait eu aucun roy de ce nom dans la Bour-

  1. A. Favyn. La Colombe.
  2. Chron. de Flandr. c. 27.
  3. Chifflet, en ses Chev. de la Toison d’Or, p. 3.
  4. Parad. de antiq. stat. Burg. Chifflet, in Vesont. l. i, c. 48