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DES MANUSCRITS ARABES.

à Mansoura, avec son frère et plusieurs seigneurs ; tous ces illustres prisonniers furent enfermés dans la maison de Fakreddin-Lokman, sous la garde de l’eunuque Sahib.

Le Roi, en fuyant, avoit laissé tomber son bonnet, qui fut trouvé sur le champ de bataille ; il étoit de velours écarlate et garni d’une fourrure de petit-gris : la ville de Damiette fut rendue après avoir resté onze mois et sept jours entre les mains des Français. Moyennant la reddition de cette place, le Roi, la Reine, son frère et les seigneurs qui étoient avec lui, recouvrèrent la liberté. À peine ce prince fut-il retourné dans sa patrie, qu’il leva une nouvelle armée, passa en Afrique et mit le siège devant Tunis ; mais sa mort délivra les Tunisiens du danger qu’ils couroient : un certain Ismaël-Erreian, habitant de cette ville, fit pendant le siège ce quatrain :

Français, ignores-tu que Tunis est la sœur du Caire ? Songe au sort qui t’attend ; tu trouveras devant cette ville le tombeau, au lieu de la maison de Lokman ; et les deux terribles anges Munkir et Nakir[1] remplaceront l’eunuque Sahib.

Il sembloit que le poète eût prévu la mort de ce prince.

Le sultan Nedjm-Eddin avoit fait bâtir, dans une île formée par le Nil, une forteresse ; il confia la garde de cette place importante à des esclaves Turcs, qui furent surnommés Baharites ou Maritimes, parce que cette place étoit sur le bord du Nil : le chef de ces esclaves s’appeloit Khatai.

  1. Voyez la note au sujet de Munkir, page 56.