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SUR L’HISTOIRE DE S. LOUYS.

estoit cite à ces assemblées, où il estoit obligé de répondre sur les chefs de l’accusation ; et s’il estoit trouvé coupable, il y estoit condamné par le jugement souverain du Prince et des grands seigneurs, qui l’assistoient : ce qui a donné lieu dans la suite des temps à la cour des pairs, dans laquelle les barons, c’est à dire les grands seigneurs, et ceux qui relevoient immédiatement du Roy, estoient jugez par leurs égaux et leurs pairs. Il y a une infinité d’exemples dans nos annales des jugemens rendus en ces grandes assemblées pour les crimes d’état, lesquelles furent appellées pour cette raison placita, parce qu’on y décidoit les différents d’importance ; et pour les distinguer des plaits ordinaires, les auteurs les appellent souvent placita magna et generalia[1]. Il se trouvera occasion ailleurs de parler de l’origine de ce mot placitum, qui est synonyme à celui de mallum, comme j’ay remarqué. Ces assemblées générales commencèrent à cesser sur la fin de la seconde race, lorsque toute la France se trouva plongée dans les divisions intestines. Durant la troisième, on en fit d’autres sous le nom de parlemens, et d’états généraux, où l’on résolvoit des affaires publiques, et des secours, que les ordres du royaume dévoient faire aux roys pour les guerres, et les nécessitez pressantes.

Les anciens Anglois semblent avoir emprunté de nos François, l’usage de ces assemblées, et de ces champs de may ; car nous lisons dans les loix d’Edoüard le Confesseur[2], que ces peuples estoient obligez de s’assembler tous les ans, in capite kalendarum maii, où ils renouvelloient les sermens entre

  1. Chr. Fontanell. A. 851.
  2. LL. Edw. Conf. c. 35.