Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/112

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fust si propre qu’il estoit necessaire pour la seureté du Roy et la sienne, fut d’advis de la changer à celle d’Orleans ; ce qui fut par luy prudemment faict, tant pour rompre les conjurations et pratiques des protestans qui estoient en fort grand nombre à Meaux, que pour empescher les desseins des autres qui y pouvoient venir s’ils sçavoient le lieu assigné : outre ce que la ville d’Orleans estoit forte et presque au milieu de tout le royaume pour y envoyer, s’il estoit besoin, et recevoir advertissemens de tous costez ; car le bruict avoit couru que tous les protestans se mettoient en armes, mesme qu’ils s’estoient voulu saisir de ladite ville d’Orleans, ayans le baillif de la ville, nommé Groslot, pour chef, l’un des plus grands protestans qui fust en tout le pays. Et afin de s’asseurer encore mieux et empescher qu’il n’arrivast aucun inconvenient pour le lieu, ceux de Guise furent aussi d’opinion que le Roy passast par la ville de Paris, accompagné de plusieurs seigneurs et chevaliers de l’Ordre, des deux cens gentilshommes de sa maison et de toutes ses gardes, tant de cheval que de pied, et de tous les officiers, chacun en bon equipage, et avec cela deux cens hommes d’armes ; ce qui estonna fort les protestans, voyans Sa Majesté si bien accompagnée ; laquelle estant arrivée dans la ville d’Orleans, plusieurs des premiers et plus grands seigneurs du royaume, horsmis le connestable et ses neveux de Chastillon, s’y trouverent aussitost.

Et faut remarquer en cet endroict que les gouvernemens baillez au duc de Montpensier et au prince de La Roche-sur-Yon son frere, avoient pour lieutenans, comme aussi la pluspart des autres gouverneurs, ceux