Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/12

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furent favorables à la France. Il s’efforça aussi de calmer les jalousies qui divisoient la reine d’Angleterre et la reine d’Écosse ; et ce fut dans ces négociations délicates qu’il fit paroître toute son habileté. Il s’agissoit de rapprocher deux princesses que des rivalités de coquetterie aigrissoient autant que leurs disputes politiques ; et il falloit ménager avec un soin particulier de petites passions qui se trouvoient mêlées à de grands intérêts. Si Castelnau ne parvint pas à réconcilier Élisabeth et Marie, il réussit du moins à retarder l’instant où les plus funestes discordes devoient éclater.

À peine étoit-il revenu d’Angleterre, qu’il fut envoyé à Bruxelles pour une affaire très-importante. Philippe II, mécontent de la douceur avec laquelle Marguerite de Parme, gouvernante des Pays-Bas, avoit traité les protestans, venoit de la remplacer par le duc d’Albe, chargé des instructions les plus sévères. Le but apparent de la mission de Castelnau étoit de complimenter la gouvernante avant son départ, le but secret de pénétrer les intentions du nouveau gouverneur, et de savoir s’il donneroit des secours au roi de France, dans le cas où les protestans rallumeroient la guerre civile.

Ce fut là qu’il découvrit le complot formé par le prince de Condé et l’Amiral, de surprendre à Monceaux la famille royale, et de l’enlever (septembre 1567). Il partit aussitôt pour la Cour, et s’efforça de faire partager aux ministres ses inquiétudes trop fondées ; mais il ne trouva que des incrédules : le chancelier de L’Hospital lui fit un crime de son zèle, et le menaça des punitions encourues par ceux qui donnent de fausses alarmes. Cet accueil, auquel il étoit loin de s’attendre,