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CHAPITRE XII.


Mort du roy François II. Le prince de Condé delivré. Reconciliation du roy de Navarre avec la maison de Guyse. Le roy de Navarre lieutenant general du Roy. Grand dessein pour la religion, echoué par la mort du Roy.


Mais d’autre costé, le Roy qui estoit malade avoit de si grands accidens, et s’affoiblissoit tous les jours de telle sorte, que l’on n’estimoit rien de sa santé ny de sa vie. Aussi Dieu le voulut appeller bientost après, et le retirer de ce monde en la fleur de sa jeunesse[1]. Et par ce moyen cesserent toutes poursuites contre le prince de Condé. L’on fit entendre à la Reyne mere du Roy qu’après la mort de son fils le roy de Navarre voudroit aspirer à la regence de France, durant la minorité du jeune Roy son autre fils, et qu’elle pourroit estre mal-traitée et demeurer sans authorité. Mais comme il ny avoit point d’occasion de luy oster, pour estre une princesse très-sage et vertueuse, qui ne vouloit ny ne desiroit que la grandeur de ses enfans et le repos du royaume, elle ne se donna pas beaucoup de peine de tels discours : aussi le roy de Navarre, qui

  1. En la fleur de sa jeunesse. On fit les vers suivans sur la mort de François II :

    Je n’eus, regnant, un seul jour de plaisance ;
    Et, comme on vit peu à peu de poison,
    Ainsy d’ennui, de soin et de soupçon,
    Se nourrissoit la fleur de ma jouvence ;
    Si qu’eux sucçant son humeur nourrissante,
    L’ont faict decheoir jà toute languissante.