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et les edicts faits en Allemagne pour faire l’interim et appaiser les catholiques et les protestans si esmeus les uns contre les autres.

Mais à la fin, les advis d’un chacun estans recueillis, l’on fit un edict, lequel depuis fut appelle l’edict de juillet, par lequel estoient faites deffenses expresses de s’injurier ny mal faire sous ombre de religion, et aux prédicateurs et ministres d’esmouvoir les peuples à sédition, sur peine de la hart, et pareilles deffenses, sous mesme peine, de faire assemblées en public ny en particulier, et de ne faire exercice d’autre religion que de la catholique, apostolique et romaine, remettant la cognoissance du fait de la religion aux juges ordinaires de l’Église, horsmis ceux qui ser oient livrez au bras séculier, encore le tout par manière de provision, jusqu’à la décision d’un concile general. Et pour le passé l’edict portoit une générale abolition.

Cet edict estant publié es cours de parlement, esmeut beaucoup d’esprits qui estoient contraires aux protestans ; beaucoup de politiques toutesfois estimoient, comme les affaires estoient disposées, qu’il estoit nécessaire pour avoir la vraye paix : car comme le pilote qui se voit en danger, se doit accommoder au temps et aux vents, et reculer le plus souvent en arrière, ou temporiser, pour éviter le péril de la fortune, afin qu’après la tempeste il puisse parvenir au port, aussi doivent les sages princes et prudens conseillers s’accommoder aux saisons, dissimuler et changer les edicts au besoin, et faire en sorte que l’Estat demeure en son entier, s’il est possible ; ce que la loy ancienne, souvent alléguée par le chancelier de L’Hospital, portoit en peu de mots : Salus populi suprema lex esto. Aussi le der-