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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/176

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Aucuns des plus politiques pensoient que les edicts ne se devoient revoquer, voyant que les protestans avoient un chef prince du sang, sans lequel ils n’eussent pu rien faire, parce que la noblesse et ces seigneurs qui avoient pris ce party n’eussent pas voulu suivre l’Admiral, quoy qu’il fust de grande experience ; lequel aussi ne s’y fust pas embarqué s’il n’eust cogneu le prince de Condé d’un tel courage, qu’il fust plustost mort que de fleschir en aucune chose et changer, comme il avoit monstré en prison. Ceux qui avoient traitté de la confédération entre le roy de Navarre, ceux de Guise et le connestable, pensoient que celuy-cy retireroit ses neveux de Chastillon, et le roy de Navarre le prince de Condé son frère, et ne pouvoient croire que les deux frères et l’oncle et les neveux se fissent la guerre ; mais entre les autres calamitez que la guerre civile tire après soy, elle porte ce malheur d’armer les pères contre les enfans, et les frères contre les frères, et principalement quand il y va du faict de la religion, et que l’ambition domine la raison ; lors il n’y a plus aucun parentage ou alliance qui soit respectée.

Ainsi, les seigneurs et la noblesse protestante conclurent que, puis qu’ils avoient un prince du sang pour leur chef, qui vivroit et mourroit avec eux, il leur falloit mettre le tout à la fortune et au hazard de la guerre, voyans aussi qu’ils avoient l’Admiral, principal officier de la couronne, et digne chef de party, pour les bonnes et grandes qualitez qu’il avoit en luy ; et d’autant qu’il avoit quelque apparence de tenir sa religion plus estroitement que nul autre, il tenoit en bride, comme un censeur, les appetits immoderez des jeunes seigneurs et gentilshommes protestans, par une