Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/204

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que le camp du Roy tournast de ce costé-là. Je fus aussi envoyé devers luy, pour sçavoir quelles forces il demanderoit ; puis j’allai vers le parlement, pour leur dire qu’ils ne fussent pas si violens à faire mourir les huguenots qui tomboient en leurs mains. Et de là ayant passé à Caen où estoit le duc de Bouillon, pour aller encore trouver le duc d’Estampes, de Martigues, le grand prieur et Matignon, pour leur commander, de la part du Roy, de donner bon ordre aux affaires de la Normandie, et, s’il estoit possible, d’empescher les Anglois d’entrer au Havre de Grâce et à Dieppe, et autres villes qui leur estoient promises en cette prevince, je demeuray une nuit à Caen avec ledict sieur de Bouillon, lequel me parla de l’affection qu’il avoit de faire service au Roy, faisant toutesfois beaucoup de plaintes de la défiance que l’on avoit de luy, et de ce que Matignon et les lieutenans du Roy en la Normandie ne luy obéissoient point, et ne le reconnoissoient en aucune chose : ce qu’il me prioit de dire à Sa Majesté quand je la verrois, et, en attendant, de luy escrire par un courrier qu’il depescheroit ce jour-là.

Cependant j’avois laissé quelques arquebusiers et gens de cheval avec mon train, à deux lieues de Caen, sur le chemin que je devois reprendre le lendemain pour aller trouver lesdicts duc d’Estampes et de Martigues ; de quoy estant jaloux ledict de Bouillon, et que je ne retournois pas trouver le Roy, et davantage qu’il y avoit quelques prisonniers entre les mains de ceux du parlement de Rouen qui luy avoient esté refusez, fit advertir de ses amis et plusieurs huguenots de me faire une embuscade pour me prendre prisonnier : à quoy ayant donné ordre toute la nuit, il me pria