Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/213

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vouloit faire sans leur bien exprès commandement ; à quoy Leurs Majestez reculoient tant qu’il estoit possible, esperans tousjours de faire quelque composition.

Mais comme les obstinez se perdent à la fin, et voyant que l’on perdoit temps, il fut résolu, après leur avoir donné un faux assaut, où il demeura quelques lanskenets sur le haut du fossé, et avoir mis le feu à la mine, de les prendre par force, comme il fut fait : car ayant le duc de Guise gagné et saisi le ravelin d’une porte, et logé plusieurs enseignes dedans le fossé, où il y avoit quantité de jeunes seigneurs avec luy, entre lesquels le duc de Nevers et plusieurs autres de la noblesse françoise y furent tuez ou blessez, estant main à main avec ceux de dedans, ils furent incontinent contraints d’abandonner le rempart qui fut entrepris. Quoy voyant le duc de Guise, lequel estoit prest d’executer sa promesse de prendre la ville en peu de temps quand il seroit ordonné, envoya derechef devers le Roy pour sçavoir sa volonté ; mais Sa Majesté remit les choses à la victoire, priant et commandant, s’il estoit possible, que la ville ne fust point pillée, au contraire que l’on fist tout ce qui seroit possible pour contenir les capitaines et soldats, par quelques promesses d’honneur et de bienfaits, et d’une paye franche, s’ils s’abstenoient du pillage.

Lors le duc de Guise fit une harangue aux capitaines et soldats sur le haut du rempart, où j’estois présent, les priant et admonestant tous de considerer qu’ils estoient François, et que c’estoit l’une des principales villes du royaume, où plusieurs estrangers avoient tous leurs biens ; que ce seroit une très-mauvaise condition qu’ils les perdissent par l’opiniastreté de ceux