guenots, tellement que la Bourgogne en demeura exempte.
Mais en Provence et Dauphiné il se fit de grands meurtres, tant des catholiques que des huguenots ; car, outre l’animosité qui estoit entr’eux, ces peuples-là sont farouches et belliqueux de leur nation, et des premiers qui s’estoient despartis, il y a trois cens ans, de l’église catholique romaine, sous le nom de Vaudois, lesquels on disoit alors estre sorciers ; mais il se trouva qu’ils estoient plustost huguenots. Depuis, le baron de La Garde avec le sieur de Cepede[1], premier président de Provence, l’an 1555[2], mena quelques soldats à Cabrières, Merindol et autres villages, qui en firent mourir quelques-uns, dont les huguenots d’Allemagne et les cantons des Suisses firent plainte au roy Henry ii ; et, à cette cause, ledict président et tout le parlement de Provence fut suspendu, jusques à ce qu’il se fust justifié, et la cause renvoyée au parlement de Paris pour en cognoistre.
Cela fut cause de faire multiplier les huguenots sous les roys Henry et François ii ; mais, après les meurtres de Vassy et de Sens, les catholiques se licencièrent un peu plus sur les huguenots de Provence, où il en fut tué en divers lieux. Combien que le baron de Cursol, depuis fait duc d’Uzès, chevalier d’honneur de la Ixeyne, mère du Roy, tenant le party des huguenots et de leur religion, eust aucunement reprimé les séditions, si est-ce que, comme il fut party du pays, les catholiques reprirent les armes sous la conduite de Sommerive[3], fils aisné du comte de Tende, lequel prit les