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CHAPITRE II.


Catherine de Medicis, mere du Roy, s’unit avec la maison de Guyse. Cause des inimitiez entre les maisons de Guyse et de Montmorency. Anne de Montmorency, connestable de France, se retire de la Cour. Mecontentement des princes du sang.


Or ces deux freres, qui avoient tant obligé de personnes par leurs bienfaits et prevoyances, et qui par ce moyen s’estoient acquis la pluspart de ceux qui avoient ; les premiers estats et les plus grandes charges de ce royaume, continuerent encore après la mort du feu roy Henry, aidez de la faveur de Catherine de Medicis, veuve dudit roy, princesse d’un esprit incomparable. Ce qu’elle a bien fait paroistre lorsqu’elle print en main les resnes du gouvernement et des affaires du royaume avec la tutelle de ses jeunes enfans, tesmoignant n’avoir aucun plus grand desir que de se faire cognoistre pour mere du Roy, et croire le conseil establi par le feu roy son seigneur[1], s’appuyant du duc de

  1. Le conseil establi par le feu roy son seigneur. Le conseil n’avoit point été établi par Henri II. Catherine ne tenoit pas les rênes de l’État : c’étoient les Guise, oncles de la jeune reine Marie Stuart, qui s’étoient emparés de tout le pouvoir, après avoir fait chasser les Montmorency leurs rivaux. Le jour même de la mort de Henri II, Catherine montra qu’elle n’étoit pas en position de gouverner. Sur le point de partir pour le Louvre avec le nouveau roi Francois II, « elle eut le jugement si present en cette violente douleur, dit l’historien Mathieu, que, voulant monter en carrosse, elle se souvint qu’elle estoit descendue d’un degré ; et pour ce, ne voulut point retarder de faire voir qu’elle ne l’ignoroit, et prenant Marie Stuart par la main, lui dit : Madame, c’est à vous de marcher maintenant la premiere. »