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relie, et qu’il estoit le motif de cette guerre, dont il vouloit oster l’opinion. Il ne laissa toutesfois de remporter avec sa troupe l’honneur de la bataille, par sa prudence et bonne conduite ; et pour en parler avec la vérité, l’armée du Roy estoit d’environ treize ou quatorze mille hommes de pied et deux mille chevaux, que bons que mauvais. Celle du prince de Condé estoit de quatre mille chevaux, et de sept à huit mille hommes de pied.

Donc, l’armée du Roy estant en bataille, voulut marcher vers celle du prince qui nous monstroit le flanc, et se mit à costé de deux villages nommez Bleinville et l’Espi, si proches l’un de l’autre, que nostre armée n’y peu voit marcher d’un front ; qui fut cause que la bataille que menoit le Connestable advança l’avant garde que menoit le mareschal de Sainct-André. Le prince de Condé, qui estoit tousjours d’opinion de charger le premier, voyant que nostre armée marchoit droit à luy, fit aussi tourner son armée en la plus grande diligence qui luy fut possible, mais non sans quelque désordre, comme il advient le plus souvent en telles affaires ; de sorte que l’Admiral, qui menoit l’avant garde des huguenots, se trouva en teste du Connestable et de sa bataille, et le prince et sa bataille à i’opposite du mareschal de Sainct-André, qui menoit l’avant-garde du Roy. Neantmoins le prince la laissa à la main gauche, et tourna contre le flanc des Suisses, qui fermoient la bataille du Connestable, laissant l’avant-garde du mareschal de Sainct-André entière. De sorte que le prince laissoit toute son infanterie engagée, sans considérer qu’estant le plus fort de cavalerie il ne devoit pas charger les gens de pied, comme il en donna le com-