Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/247

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assaillis de tous endroits, se voulurent mettre de la partie : quoy voyans les Suisses, au lieu de s’estonner, marchèrent droit à eux et les mirent en fuite ; quelques cornettes de reistres et de François s’estans ralliées, voulurent entreprendre de leur faire encore une charge ; mais ils les trouvèrent si bien ralliez qu’ils ne l’osèrent entreprendre, et ainsi passèrent sans les charger de ce coup là ; mais leur firent une entreprise, en despit de laquelle il se maintinrent tousjours ensemble, en se retirant vers nostre avant garde, qui tenoit ferme sans se mouvoir, ayant ainsi veu maltraiter le Connestable et l’emmener prisonnier.

Lors le duc de Guise tira environ deux cens chevaux des troupes, avec quelque nombre de harquebusiers à sa main droite ; et, avec les Espagnols qui suivoient, alla charger les gens de pied des huguenots, qu’il desfit entièrement, sous la charge de Grammont et de Fontenay.

À l’instant le mareschal de Sainct-André, avec tout le reste de l’avant-garde, s’alla ranger au bout du bataillon des lanskenets, pour charger les reistres et ceux qui se rallieroient et seroient sur pied de l’armée du prince : lesquels voyans telle charge leur tomber sur les bras, et leurs gens de pied desfaits, se retirèrent au grand trot vers un grand bois prochain. Ce que voyant d’Andelot, et leurs lanskenets, dont il avoit esté le conducteur, s’enfuir au travers du village de Bleinville, et assez près du lieu où le Connestable avoit soustenu la charge, les voulut contraindre de tourner teste à la cavallerie qui les suivoit, ce qu’ils ne voulurent faire, et ainsi se servirent ce jour-là plus des pieds et des jambes que de leurs picques et