Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/253

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Le jour suivant au matin, le duc de Guise se trouva seul au champ et maistre de la place, où il fit tirer quelques coups de canon pour assembler et appeller un chacun, et fit mettre les blessez dans Dreux et enterrer tous les morts. Puis il envoya les enseignes gagnées sur les gens de pied, et les cornettes et guidons remportez sur la cavalerie, à Paris, pour signal de la victoire qui luy estoit demeurée, et s’arresta quelques jours es environs de Dreux, attendant le commandement du Roy.

Alors Leurs Majestez avec toute la Cour s’acheminerent à Rambouillet, où ledit duc fut mandé de s’y trouver : et y estant allé accompagné de la pluspart des seigneurs, gentils-hommes et capitaines de son armée, après le disner du Roy il se trouva dedans la sale pour faire la révérence à Leurs Majestez, où il leur rendit en public, et comme en forme de harangue, compte de tout ce qui s’estoit passé en cette bataille ; et commença par le regret qu’il avoit d’avoir vu tant de braves François, princes, seigneurs et gentilshommes, obstinez, aux despens de leur sang et de leurs vies, les uns contre les autres, qui eussent esté suffisans pour faire quelque belle conqueste sur les ennemis estrangers. Puis il s’estendit amplement à parler de la prudence du Connestable, chef et general de l’armée, tant pour l’avoir mis en bataille avec tous les avantages que la nature du lieu lui avoit pu permettre, que pour avoir si bien encouragé un chacun au combat, que les moins courageux s’estoient résolus d’y bien faire, ausquels il avoit monstré le chemin, se trouvant par tout, suivant son ancienne valeur. Après il fit le discours de toutes les charges qui furent faites par le