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de la hart, ny de faire aucun traicté avec les estrangers, ny lever aucuns deniers sur les sujets du Roy ;

« Que l’edict seroit lu, publié et enregistré en tous les parlemens du royaume. »

Voilà les principales clauses de cet edict, sans toucher à quelques autres que chacun peut voir, estant l’edict publié et imprimé.

Mais la dernière clause, que l’edict seroit vérifié en tous les parlemens, estoit la plus importante, et sans laquelle l’edict fust demeuré illusoire et sans effet ; car l’execution d’iceluy dependoit principalement des magistrats, qui n’eussent eu aucun esgard à l’edict si les parlemens ne l’eussent vérifié, attendu mesmement la minorité du Roy et la mort du roy de Navarre ; joint aussi qu’il s’en trouvoit qui ne le pouvoient gouster en sorte quelconque, comme ceux qui faisoient estat de s’enrichir des despouilles d’autruy, et ne demandoient qu’à pescher en eau trouble, esperans que les confiscations leur demeureroient. Et entre ceux qui estoient plus poussez du zele de religion, les parlemens de Paris, Rouen, Toulouse, Bordeaux et Provence, tenoient les premiers rangs, qui firent plusieurs remonstrances avant que de le vérifier, estimans qu’il seroit bientost rompu ; car l’edict precedent fut de mesme, parce qu’il n’estoit que provisionnel, et jusques à ce qu’autrement y fust pourvu, et de fait il advint ainsi.

Cependant l’Admiral, qui estoit en la basse Normandie, où il avoit pris plusieurs villes, et réduit les catholiques en mauvais estat, fut adverty par le prince de Condé que la paix estoit accordée, et qu’il laissast la Normandie pour se trouver à la conclusion des articles : ce qu’il fit, comme il m’a dit depuis, avec regret,