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France pour les prerogatives, privileges et concordats que les roys de France avoient de si long-temps avec les papes, qui estoient aneantis par la publication du concile de Trente, sans entrer aux points et termes de la religion ; qui fut cause en partie que les cours de parlement de France refuserent de publier le concile[1], comme le cardinal de Lorraine et tous les ecclesiastiques de France le desiroient, aussi que, par la publication d’iceluy, l’edict de pacification et le repos auquel estoit alors le royaume eust esté du tout alteré.

Et d’autant que le Roy et ses commissaires n’estoient entierement obeys, comme il estoit necessaire pour le bien de la paix, cela fit continuer la deliberation que Leurs Majestez avoient prise d’avancer leur visite par toutes les provinces du royaume, afin d’authoriser les officiers de la justice, et entendre les doleances d’un chacun, faire executer les edicts, et cognoistre la volonté de leurs peuples contre l’opinion en laquelle on nourrissoit les roys de la première lignée, qui ne se monstroient qu’une fois l’année, et à une poignée de peuple seulement, pendant que les maires du palais disposoient des armes, des finances et de tous les estats, offices et benefices ; et par ce moyen gagnoient les cœurs des soldats aux despens de leurs maistres, ausquels ils ravissoient leurs sceptres et couronnes : chose qui est très-dangereuse à un prince, et sur tout à un roy de France, où les princes, la noblesse, les peuples

  1. Refusèrent de publier le concile, « Ce n’est pas, observe Le Laboureur, qu’on n’y souscrivit d’affection à tous les decrets concernant la religion ; mais, comme la France avoit reçu atteinte en ses priviléges ecclésiastiques, qui est une chose de faict, dont on ne juge point par le droit ni par l’équité, mais par l’usage, elle craignoit de se faire tort de s’y soumettre par une acceptation publique. »