Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/341

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sœur du Roy, de laquelle l’on commença lors à projetter le voyage et entrevue à Bayonne, afin d’y faire une ample conclusion pour la conservation de la religion catholique, luy faisant aussi remonstrer que c’estoit une grande honte que Leurs Majestez fussent contraintes, par une petite poignée de leurs sujets, de capituler, quand il leur plaisoit, à leur dévotion ; que cependant se perdoit ce grand et glorieux nom de Tres-Chrestien roy de France, que ses predecesseurs luy avoient acquis par si longues années, et avec une perpétuelle constance de combattre les heretiques, et maintenir le Sainct Siege apostolique en sa grandeur.

Et là-dessus je ne veux pas dire qu’il n’y eust aussi de l’affection de quelques-uns sur les confiscations, jointes au ressouvenir que l’on avoit de la mort du duc de Guise, à l’ambition et aux interests du roy d’Espagne, qui vouloit oster les moyens au Roy de donner secours aux Pays-Bas, desjà disposez à la revolte et à prendre les armes pour le mesme fait de la religion, comme depuis ce temps-là ils ont continué jusques à cette heure, avec une haine mortelle les uns contre les autres ; mais bien diray-je qu’il se parloit dès-lors de voir un soulèvement universel de tous les catholiques de France pour abolir les huguenots ; que si le Roy et son conseil ne vouloient leur prester faveur, l’on s’en prendroit à luy-mesme, en danger de diminuer son authorité et l’obeyssance de ses sujets. Toutes ces raisons estoient bien fortes pour esmouvoir Leurs Majestez à entrer en la ligue des catholiques ; mais d’autant qu’il estoit perilleux de casser tout à coup l’edict de pacification, il falloit trouver le moyen peu à peu de diminuer l’effet d’iceluy par autres edicts limitez.