Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/345

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Roy me donna commission, selon la disposition en laquelle je la trouverois, de luy offrir son service et luy proposer le mariage d’eux deux, afin d’effacer pour jamais ces mots qui estoient entre les François et les Anglois, d’anciens ennemis, et les remettre en parfaite et asseurée amitié par le moyen du mariage.

A quoy la reyne d’Angleterre me fit tous les remerciemens et honnestes responses qu’il estoit possible, estimant cette recherche à très-grand honneur et faveur d’un si grand et puissant Roy, auquel et à la Reyne sa mere elle se sentoit infiniment obligée. Mais y trouvoit une difficulté, à sçavoir que le roy Très-Chrestien son bon frère (ce sont ses paroles) estoit trop grand et trop petit : et se voulut interpreter, disant que Sa Majesté avoit un grand et puissant royaume, qu’il n’en voudroit jamais partir pour passer la mer et demeurer en Angleterre, où les sujets veulent tousjours avoir leurs roys et leurs reynes, s’il est possible, avec eux. Pour l’autre poinct, d’estre trop petit. Sa Majesté estoit jeune, et elle desjà âgée de trente ans, s’appellant vieille, chose qu’elle a tousjours dit depuis que je l’ay cognue, et dès son advenement à la couronne, encore qu’il n’y eust dame en sa Cour qui eust aucun avantage sur elle pour les bonnes qualitez du corps et de l’esprit. Et après infinis remerciemens, elle dit que le Roy et la Reyne sa mère y penseroient avec meure délibération ; cependant qu’ils fissent estat qu’elle prenoit cet honneur en très-bonne part.

Et comme j’estois très-bien vu et traité de tous les premiers et principaux seigneurs de sa Cour, quelques-uns me dirent, en confirmant la bonne volonté que leur reyne portoit au Roy, à la Reyne sa mere et à la