Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/347

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cosse, où je retournay le premier pour la visiter de la part du Roy, et lui porter nouvelles de ceux de Guise, ses parens, j’avois plus d’accès à Sa Majesté qu’un autre qui lui eust esté moins cognu et familier.

Donc si je fus bien reçu de la reyne d’Angleterre, je ne le fus pas moins en Escosse, recevant beaucoup d’honneur et faveur de cette princesse, laquelle après m’avoir tesmoigné estre bien aise de ce mien voyage par devers elle, pour me commettre plusieurs choses dont elle vouloit faire part à Leurs Majestez en France, comme à ses plus chers amis, elle me dit les recherches que luy faisoient plusieurs princes, comme l’archiduc Charles, frere de l’Empereur, quelques princes de la Germanie, le duc de Ferrare : et encore quelques-uns de ses sujets luy avoient voulu mettre en avant le prince de Condé, qui estoit pour lors veuf, afin d’unir la maison de Bourbon en meilleure amitié et intelligence avec la maison de Lorraine qu’elle n’avoit esté jusques alors. Elle me parla aussi d’un autre party duquel l’on luy avoit ouvert quelques propos, plus grand que tous ceux-là, qui estoit de don Charles, fils du roy Philippe et prince d’Espagne, lequel estoit en quelques termes d’être envoyé par son père au Pays-Bas.

Et quand je luy parlay de retourner en France par l’alliance du duc d’Anjou, frère du Roy, elle me respondit qu’à la vérité tous les pays et royaumes du monde ne luy touchoient au cœur tant comme la France, où elle avoit eu toute sa nourriture et l’honneur d’en porter la couronne ; mais qu’elle ne sçavoit que dire pour y retourner avec une moindre occasion, et peut-estre en danger de perdre son royaume d’Es-