Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/350

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aisnëe mariée en Escosse, et ses heritiers, que ceux qui estoient nez hors du royaume d’Angleterre n’en pourroient heriter. Mais, comme telle loy n’estoit pas juste, aussi n’a-t-elle esté approuvée par le parlement, car c’estoit aller contre la nature, de faire une loy au peril et dommage de ses plus proches héritiers, pour en avancer d’autres en degré plus éloigné, comme il entendoit faire en faveur de sa sœur puisnée, mariée premierement en France au roy Louis douziesme, et, après estre retournée en Angleterre, à Charles Brandon, qui fut fait duc de Suffolk, fort aimé du roy Henry huitiesme, ainsi que j’ay dit cy-devant : dequoy l’on s’est souvent voulu aider contre la reyne d’Escosse durant sa prison ; laquelle m’a donné charge depuis de deffendre la justice de sa cause es parlemens qui se sont tenus durant ma legation, où à la fin il n’a point esté touché jusques à present ; mais plustost m’a asseuré la reyne d’Angleterre, par diverses fois, qu’elle ne luy feroit point de tort à la succession de son royaume après elle, si elle y avoit le meilleur droit.

Mais pour ne m’esloigner de cette pratique, d’envoyer le milord d’Arlay en Escosse, cela fut d’autant plus chaudement executé, que la chose fut délibérée et approuvée de ceux en qui la reyne d’Escosse avoit plus de creance ; car le comte de Muray, frere bastard de la Reyne, qui manioit toutes les affaires de ce royaume, avec le sieur de Ledinton, secrétaire d’Estat, et leurs partisans, avoient esté gagnez pour persuader à leur maistresse, non-seulement de bien recevoir ce milord, et le remettre es biens de son père, mais aussi d’entendre à ce mariage, qui luy seroit plus utile que nul autre pour parvenir à la couronne d’Angleterre ;