Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/36

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plus frequentes en cette ville, et es environs, qu’en autre lieu), de faire crier à son de trompe que ceux qui avoient cognoissance de telles assemblées allassent les reveler à la justice dedans certain temps, s’ils ne vouloient encourir mesme punition, avec promesses d’impunité, et cinq cens livres[1] pour loyer au delateur ; et peu après fut rechargé d’informer et punir de mort les sacramentaires et entachez d’autres poincts d’heresies, et pareillement ceux qui menaçoient les officiers de justice : laquelle derniere clause fut ajoustée à l’edict pour les menaces qui avoient esté faites à quelques delateurs contraints de fuir.

Mais, nonobstant la rigueur de l’edict, Minart, president au parlement de Paris, retournant le soir du Palais en sa maison, au mois de novembre, sur les cinq à six heures, fut tué d’un coup de pistolet. À l’occasion de ce meurtre, un edict fut fait que la cour se leveroit dès-lors en avant à quatre heures du soir, depuis la Sainct Martin jusques à Pasques, pour obvier à semblables inconveniens : ce meurtre fut effectué de telle façon (de quelque part qu’il fust pratiqué ), que, le fait ne pouvant estre averé, le soupçon en demeura sur un Escossois appellé Stuart, lequel fut emprisonné et gehenné comme coupable, sans qu’il voulust jamais rien confesser ; il demeura toutesfois en l’opinion du vulgaire que c’estoit en haine de ce qu’il s’estoit monstré trop entier et violent à la poursuite des protestans. Ce qui augmenta la presomption, fut le meurtre commis en la personne de Julien Freme, qui portoit memoires et papiers à la cour de parlement, pour faire le proces à

  1. Et cinq cens livres. On a vu plus haut que la somme promise aux révélateurs n’étoit que de trois cents livres.