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son maistre. Ce que les seigneurs du pays portoient impatiemment, et de se voir entierement frustrez de l’exercice de la religion prétendue reformée, qui avoit esté réduite, comme ils disoient, en la servitude de l’inquisition, qui porte avec soy le plus souvent une rigoureuse confiscation de corps et de biens.

Ce que les ministres, surveillans et autres, mirent si bien en l’esprit du prince d’Orange, du comte Ludovic de Nassau son frère, des comtes d’Egmont, de Hornes, de Brederode, et autres seigneurs et nobles du pays, qu’ils s’attacherent avec rudes paroles au cardinal de Granvelle, lequel, craignant plus grand danger, se retira. Estant hors du pays, tous ces seigneurs s’assemblerent plusieurs fois, mesmement à Bruxelles, où ils résolurent derechef de faire instance au roy d’Espagne que l’exercice de la religion fust estably au Pays-Bas, chose bien contraire à son intention. Neantmoins il ne voulut pas directement rejetter la requeste de ses sujets, mais bien la refusa obliquement, faisant publier le concile de Trente, par lequel la religion des huguenots estoit condamnée. Ce que voyant, les huguenots du Pays-Bas s’allerent plaindre à l’Empereur et aux princes huguenots de se voir enveloppez, par les desseins de leur roy, en une perpétuelle servitude qui leur estoit insupportable.