Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/374

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qu’au lieu d’assigner une ville en chaque bailliage ou seneschaussée, ce qui leur avoit esté auparavant accordé leur estoit osté, comme à plusieurs gentilshommes de n’admettre aux presches autres que leurs sujets sur grandes peines : et avoit-on deffendu les synodes, qui estoit la chose la plus nécessaire pour entretenir la discipline de leur religion ; et que tous prestres, moines et nonnains, mariez par la permission des ministres, estoient contraints, sur peine des galeres aux hommes, et aux femmes de prisons perpétuelles, de quitter leurs mariages ; que les traitez, parlemens, la ligue de Bayonne, la levée des Suisses, qui n’avoient point donné empeschement au duc d’Alve d’aller en Flandre avec une armée trop suspecte à l’estat de France, monstroient assez que l’on les vouloit tous destruire et assassiner au despourveu : protestans qu’ils estoient contraints d’user de la juste deffence que les loix divines et humaines permettent à ceux que l’on veut opprimer, pour deffendre seulement leurs vies et leur religion, et que l’on ne leur pourroit imputer les malheurs et calamitez que la guerre civile tire après soy.

Voilà sommairement les causes que les huguenots alleguoient pour couvrir et servir de pretexte à la prise de leurs armes, qui estoient fort suspectes à plusieurs qui disoient que combien que la juste deffense contre la force et violence fust licite de droit divin et humain, et que l’on eust pu excuser les huguenots de s’asseurer de quelques villes pour leurs deffences contre les catholiques, si est-ce qu’il n’y a point de loy suffisante pour declarer la guerre à son Roy, se vouloir saisir de sa personne avec une armée offensive, qui est autre chose que d’en faire une seulement deffensive, et en