Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/404

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chemin pour aller trouver leurs secours, abandonnèrent tous ces passages de la rivière de Seine, qui ne pouvoienl tenir contre une puissante armée, combien que la guerre civile en France eust rendu les hommes accoustumez et opiniastres à garder de fort mauvaises places.

Mais pour lors l’armée huguenotte n’avoit autre dessein que d’aller joindre le duc Casimir, second fils de l’électeur Palatin, du tout favorable à leur party, selon que j’ay cogneu en plusieurs affaires que j’ay traitées avec luy, et fort passionné en leur cause, toutefois si grand mesnager et avaricieux, qu’il ne les aidoit que de son affection et bonne volonté ; car de prester argent ou de respondre, il n’y vouloit aucunement entendre, ains, au contraire, faisoit faue destranges capitulations aux huguenots.

Or l’on vouloit sur toutes choses les attirer au combat avant qu’ils eussent joint leurs reistres, et s’en présenta une belle occasion à Nostre-Dame de l’Espine près de Chaalons en Champagne, où nostre armée les suivoit de fort près ; mais l’on faillit à la prendre par la négligence, comme l’on disoit, du mareschal de Cassé, qui ne fit pas monter à cheval pour les suivre, harassez comme ils estaient après avoir fait de grandes traités, et par de si mauvais chemins en la Champagne, qu’à la vérité ils n’en pouvoient plus et marchoient avec beaucoup de desordre, ayans tant de chevaux defferrez et de soldats nuds pieds, que dix des nostres, suivans trente des leurs, les tailloient en pieces ou prenoient prisonniers. Tant y a que, pour n’estre poursuivis, ils gagnèrent la Lorraine aux plus grandes journées qu’ils peurent. Et lors le duc d An-