Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/416

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Il s’accorda à la fin à tout ce que je luy proposay, et aussi-tost qu’il auroit fait la monstre, de faire prendre à ses troupes le chemin de Picardie, et luy de s’en venir à la Cour, où il fut fort bien receu, traité, caressé et deffrayé de toutes choses, avec mille remerciemens de sa peine. L’on luy communiqua la necessité de faire la paix, et prit-on son opinion mesme sur la grande quantité d’estrangers qui estoient en France ; en quoy toutesfois l’on lui monstra de n’avoir aucune deffiance de ses troupes, ains au contraire d’estre tout asseuré de sa foy, encore que l’on eust au conseil une merveilleuse deffiance des ducs Casimir et Jean Guillaume, beaux-frères, tous deux allemands et puisnez de leurs maisons, pauvres et grandement armez pour entreprendre contre l’Estat, comme ils en avoient beau jeu par nos divisions, bien qu’ils ne s’accordassent pour rendre les huguenots plus forts que les catholiques. Aussi la religion de ces deux estoit différente (encore qu’ils s’appellent tous protestans) ; car le duc Jean Guillaume estoit de la confession d’Ausbourg, et le duc Jean Casimir de celle de Calvin et de Beze, où la difference n’est guère moindre qu’entre les catholiques et les huguenots.