Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/462

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roient rien plus que la convocation d’un concile libre et general, et protestoient, encore qu’ils eussent uny toutes leurs forces, d’entendre plus volontiers qu’auparavant a une bonne paix, le seul et unique moyen de reconcilier et reunir tous ses sujets à son obéissance.

L’Estrange ayant esté deputé pour la présenter à Sa Majesté, fut trouver le duc d’Anjou de la part des princes, pour avoir son passeport ; mais il ne put tirer autre response, sinon qu’il en donneroit advis à Sa Majesté, pour sçavoir si elle auroit agreable qu’elle l’octroyast : et d’autant que l’on jugeoit bien que cette requeste n’avoit esté faite que par forme, et que leur intention n’estoit pas de desarmer, que sous des conditions trop avantageuses, le Roy ne fit autre response, sinon qu’il ne vouloit rien voir ny entendre, que premierement les huguenots ne se fussent rangez au devoir que des fideles sujets doivent à leur prince ; mais le mareschal de Montmorency, à qui l’Admiral en avoit escrit et renvoyé copie de la requeste, l’asseura, par la response qu’il luy fit, que Sa Majesté, lors que les huguenots de France se seroient mis à leur devoir, les recevroit tousjours comme ses sujets, et oubliroit le passé. Quelques jours après, l’Admiral luy en escrivit une autre, par laquelle il tesmoignoit avoir une extresme compassion de voir la ruine et desolation prochaine de la France, à quoy, puisque ses ennemis ne vouloient apporter autre remede, il avoit au moins ce contentement d’avoir rechercbé, autant qu’il luy avoit esté possible, de pacifier les troubles de ce royaume, appellant Dieu et tous les princes de l’Europe pour juges de son intention, qui seroit tousjours portée au service du Roy, et à se maintenir avec tous