Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/47

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lement pour l’exercice de leur religion, ains aussi pour les affaires d’Estat, et pour adviser tous les moyens de se deffendre et assaillir, de fournir argent à leurs gens de guerre, et faire des entreprises sur les villes et forteresses pour avoir quelques retraictes.

Ayans donc levé nombre de leurs adherans par toute la France, et recogneu leurs forces, et fait leurs enroolemens, ils conclurent qu’il falloit se defaire du cardinal de Lorraine et du duc de Guise, et par forme de justice, s’il estoit possible, pour n’estre estimez meurtriers. Aucuns m’ont dit que pour y parvenir ils avoient fait informer contre eux, et que les informations contenoient qu’ils se vouloient emparer du royaume et ruiner tous les princes, et exterminer tous les protestans ; ce qu’ils estimoient chose facile, ayans la force, la justice, les finances, les villes et places toutes en main, et beaucoup de partisans et d’amis, et l’amour des peuples, qui desiroient la ruine des protestans. Mais ceux qui me l’ont dit, et ceux qui ont fait les informations, ne sont pas bons praticiens ; car les temoignages des volontez et penseés d’autruy ne sont pas recevables en aucun jugement, encores que la mesme chose m’ait esté dite en Allemagne, y estant envoyé par le roy Charles pour lever des reistres et amener le duc Jean Guillaume de Saxe, et y empescher les desseins des protestans. A-t’on jamais veu que l’on puisse faire proces contre ceux qui ne sont ouis et interrogez, et les tesmoins non confrontez, s’ils ne sont condamnez par defauts et contumaces ? Et, puisque l’on y vouloit proceder par forme de justice, il falloit que les juges fussent personnes publiques et legitimes, qui ne pouvoient estre que des pairs de France, puis-