Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/503

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

attirer ses ennemis au passage, ayant logé deux mille arquebusiers sur le bord de l’eau, fit advancer un des regimens de l’avant-garde pour commencer l’escarmouche, lequel, avant passé sur la chaussée de l’estang, donna d’abord jusques aux barricades du moulin, où l’Admiral avoit logé deux regimens pour la garde de cette advenue, lesquels firent tel devoir de soustenir la charge que ceux du mareschal luy firent, qu’ils ne se voulurent opiniastrer de les enfoncer davantage, ains se retirerent sur leurs pas, en tel ordre toutesfois que Sainct-Jean[1], qui estoit à la teste de cette infanterie, les ayant menez jusques au ruisseau, ne pust rien gagner sur eux.

Lors l’Admiral, plus foible de gens de pied, et sans aucun attirail de canon, ne voulant rien hazarder, et encore au passage d’une rivière où l’on ne pouvoit passer que file à file, leur commanda de s’arrester, et à Montgommery, qui s’estoit advancé avec partie de l’avant-garde pour les soustenir, de tenir bride en main, attendant l’occasion et le temps plus à propos pour prendre son avantage : le reste du jour se passa en escarmouches entre les gens de pied, sans toutesfois passer le bord de l’eau. Des catholiques, Bellegarde et La Bastide y furent tuez, peu d’autres signalez ; le nombre des blessez fut plus grand : des huguenots, il y eut bien autant et davantage ; le lendemain l’Admiral fut d’advis de desloger avec l’armée pour prendre la route d’Autun, où elle s’achemina en la plus grande diligence quelle put pour venir à La Charité, afin de pren-

  1. Sainct-Jean : l’un des freres du comte de Montogommery.