Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/51

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en estoit ; et ne put-on tirer la verité asseurée, jusques à tant que les conjurez, qui couloient à la file par divers endroits, et marchoient la nuit fort secrettement, furent apperceus un matin, une partie aux portes d’Amboise, les autres ès environs ; ce qu’estant rapporté à ceux de Guise, ils se trouverent un peu estonnez, mais non pas tant que le duc de Guise (qui avoit beaucoup d’esprit, de courage et d’experience, et employant l’autorité du Roy), ne remediast promptement à tout ce qui se pouvoit faire, pour s’asseurer de ceux qui estoient à la Cour, presque toute à sa devotion, comme aussi les gardes et les habitans de la ville d’Amboise. Il trouva aussi un honneste moyen de s’asseurer du prince de Condé et de sa maison, auquel il bailla une porte de ladite ville d’Amboise à garder, et avec luy mit le feu grand prieur de France son frere, avec nombre de ses amis et serviteurs : toutefois les conjurez, pour l’esperance qu’ils’avoient d’executer l’entreprise, encore qu’elle fust eventée, n’en laisserent point la poursuite, et changerent seulement le jour de l’execution, qui estoit le dixiesme de mars, au seiziesme.

Et cependant le duc de Nemours et les seigneurs et gentilshommes de la Cour firent des sorties de la ville, là où ils en attraperent plusieurs en diverses troupes mal conduites, et en très-mauvais equipage. Ceux qui se retiroient ès maisons et chasteaux des gentilshommes circonvoisins, furent contraints de se rendre, et ceux qui passerent à Tours et autres lieux et passages de la riviere de Loire, y furent arrestez par l’Ordre qu’y avoit mis ledit duc de Guise, lequel sortit luy-mesme de la ville avec quelque troupe de Seigneurs et gentilshommes de la Cour pour les recog-