Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/6

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si haut degré de splendeur, séjourna long-temps à Rome, centre de la politique du monde chrétien, alla chercher des leçons de l’art militaire sur les innombrables champs de bataille où, depuis le règne de Charles VII, les Français avoient eu tant de succès et tant de revers, et partit pour Malte afin d’acquérir des connoissances positives sur l’empire ottoman, qui étoit encore un objet d’épouvante pour la chrétienté.

Au commencement du règne de Henri II, lorsqu’il apprit que la guerre étoit rallumée, et que Brissac avoit le commandement de l’armée de Piémont, il s’empressa d’aller servir sous ce grand général, et fit partie d’une compagnie de chevau-légers. Son courage, sa rare intelligence, fixèrent bientôt sur lui les regards de Brissac ; mais il se concilia surtout l’affection de François de Lorraine, grand-prieur de France, auquel il s’attacha. Ce prince, dont la protection pouvoit être d’un grand poids par le crédit que la maison de Guise avoit en France, lui proposa d’entrer dans l’ordre de Malte où il promit de lui procurer un avancement rapide ; mais Castelnau, qui se sentoit appelé à rendre d’importans services à son pays, ne voulut pas prendre des engagemens qui l’en auroient peut-être éloigné pour toujours ; et son refus ne lui fit point perdre les bonnes grâces du grand-prieur.

De retour en France, il fut présenté à la Cour par son protecteur, et le cardinal de Lorraine l’admit dans son intimité. Un petit succès de société, qui prouvoit seulement le soin qu’il avoit pris d’exercer sa mémoire, lui acquit la faveur de ce ministre, très-disposé à se passionner pour tout ce qui offroit quelque chose d’extraordinaire. Jean de Montluc, évêque de Valence,