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l’Angleterre, pour empescher la grandeur et accroissement de ce royaume-là, comme aussi les François ont maintenu souvent l’Escosse contre l’oppression des Anglois, jusques au changement de religion et au regne d’Elizabeth, laquelle prit fort à propos l’occasion des troubles advenus en Escosse l’année que le roy Henry mourut ; car auparavant tout y estoit paisible, par la patience et prudence de la douairiere d’Escosse, regente et mere de Marie, femme du roy François second ; laquelle ne vouloit, voyant qu’elle ne le pouvoit, forcer la conscience des protestans, qui estoient desjà en grand nombre en Escosse, et se multiplioient tous les jours, comme en cette nation les esprits sont prompts et faciles à mutation, dont j’ay veu infinis exemples en vingt-trois ans que j’ay traicté plusieurs grandes affaires en ce royaume.

Or ceux de Guise, freres de la regente d’Escosse, voyans que les protestans y prenoient grand pied, et devenoient les plus forts, et qu’il estoit impossible à leur sœur d’en venir à bout, la conseillerent de faire dresser et publier edicts fort rigoureux contre les protestans ; et pour les executer envoyerent Nicolas de Pellevé, evesque d’Amiens, à present cardinal, et La Brosse, qui voulurent tout soudain contraindre un chacun d’aller à la messe, reprochans à la regente que sa douceur et souffrance avoit tout gasté. Elle, au contraire, combien qu’elle fust du tout catholique, persistoit en son opinion, disant qu’il ne falloit rien changer ni altérer pour le fait de la religion, craignant et leur predisant la rebellion des sujets qui advint incontinent apres.

Mais elle ne fut pas creuë : qui fut cause que la plus-