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l’ambassadeur français. Brantôme prétend qu’ils firent ensemble des expériences de chimie, et que Castelnau y gagna cent mille écus : il est inutile de relever l’absurdité de ce conte, car tout le monde sait que la chimie n’enrichissoit personne à cette époque.

Castelnau fut ensuite envoyé à Rome, où, jeune encore, il avoit fait ses premières études politiques : il y contribua, dans l’intérêt de la France, à l’élection du pape Pie IV. À peine fut-il de retour, que les Guise, irrités des intrigues qu’Élisabeth tramoit en Écosse, voulurent lui faire la guerre : le grand-prieur eut l’ordre de faire passer les galères, de la Méditerranée dans l’Océan. Castelnau redevint marin pour servir sous son ancien protecteur ; et, après le voyage le plus pénible, ils arrivèrent à Nantes, où ils apprirent qu’on avoit renoncé à toute hostilité contre l’Angleterre : ce fut dans cette ville que Castelnau découvrit les premiers indices de la conjuration d’Amboise. Il s’empresse d’avertir les ministres, qui le chargèrent d’en suivre les traces.

Peu de temps après la mort de François II, sa jeune épouse, Marie Stuart, fut obligée de partir pour l’Écosse : Castelnau fit partie du cortège qui l’accompagna, et il fut chargé par Catherine de Médicis de résider auprès d’elle comme ambassadeur. Il ne négligea rien pour lui donner une bonne direction au milieu des troubles dont son royaume étoit agité ; et l’on peut croire que, si elle eût suivi ses sages conseils, elle auroit échappé au sort affreux dont elle étoit menacée. Il combattit pour elle contre ses sujets révoltés, et fit plusieurs voyages en Angleterre afin de la réconcilier avec Élisabeth.