Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/93

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playe fort sanglante en France, ayant esté d’advis d’envoyer des François pour faire la guerre à l’Escosse, qui estoit un rempart pour la France, lorsque les Anglois y vouloient entreprendre quelque chose, dont ils estoient advertis par les Escossois, et envoyoient leurs forces en Escosse, sans que les Anglois y pussent remedier, qui leur estoit une grande epine au pied. Et quoy qu’il fust dict par le traité du Petitlit que la reyne d’Angleterre ne s’entremesleroit plus des affaires d’Escosse, ce fut un article inutile, et qui ne servit que de couleur et palliation ; car les Anglois ne pretendent pas beaucoup en Escosse, mais il leur suffira d’en avoir chassé les François. Et il est aisé à voir que s’ils vouloient tenter d’y retourner pour s’y faire les plus forts, les Anglois s’armeroient incontinent, et se joindroient avec les Escossois, qui, estans pour la pluspart protestans, ont encore une recente impression de cette nouvelle amitié et alliance faite avec la reyne Elizabeth d’Angleterre, qui leur remet souvent devant les yeux, par quelques bienfaits et pensions, que c’est elle qui les a delivrez de la subjection des François, et est cause qu’ils ont la religion protestante. Et si l’on veut dire que c’estoit bien fait de ruiner les protestans d’Escosse, qui, à la verité, ont esté la seule occasion d’y faire la guerre, à cela l’on peut respondre qu’il falloit plustost s’attaquer à ceux d’Angleterre que d’Escosse, n’estant pas plus mal-aisé l’un que l’autre. Et tant s’en faut que l’on soit parvenu à l’effet que l’on pretendoit, que ceste guerre a fait perdre l’estat d’Escosse à la France, et l’a acquis à l’Angleterre.

Et ceux qui donnerent ce conseil n’avoient pas esté si conscientieux sept ou huit ans auparavant, ayant