Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/98

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querir un homme de lettres nommé La Planche[1], capable de grandes affaires, et serviteur domestique du mareschal de Montmorency, lequel estant arrivé, fut interrogé par la Reyne mere du Roy dedans son cabinet, pour sçavoir ce qu’il jugeoit de estat des affaires de France, estant le cardinal de Lorraine caché derriere la tapisserie.

Et là ledit La Planche discourut bien au long de tout ce qui luy en sembloit ; car il estoit eloquent et persuasif, comme je l’ay cogneu : depuis il fit imprimer et publier son advis, duquel, pour le faire court, le but estoit que pour appaiser la France et la garantir de troubles et divisions, et remettre l’obeissance du Roy, il estoit necessaire que ceux de Guise fussent esloignez de la Cour, et faire appeler les princes du sang au conseil du Roy, et près de sa personne ; lesquels en estans separez, et les estrangers tenans les premieres dignités, il ne falloit esperer aucun repos. Par où l’on pouvoit cognoistre la mauvaise volonté qu’il portoit à la maison de Guise, laquelle il appelloit estrangere, combien que les princes de cette maison fussent nez en France, et naturels sujets du Roy, de pere en fils. Et d’autant que l’on soupçonnoit que ledict La Planche eust part en la conjuration d’Amboise, il fut retenu prisonnier, et quatre jours après eslargy. Le mareschal de Montmorency, qui aimoit uniquement ledict La Planche, estima

  1. Un homme de lettres nommé La Planche. Regnier de La Planche, attaché à la maison de Montmorency, est l’auteur d’un ouvrage intitulé : Histoire de l’estat de la France, tant de la republique que de la religion, sous le regne de François II. Ce livre curieux manque d’impartialité. C’est une apologie continuelle des protestans : « Peu d’auteurs, observe M. Anquetil, ont écrit avec autant de passion ; il ne prêche la modération, ni de paroles ni d’exemple. »