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SUR LES MÉMOIRES DE DU GUESCLIN

soin ; c’est une espèce de journal où chaque fait, raconté d’une manière sommaire, forme un chapitre séparé, sans qu’il y ait trop de liaison entre les divers articles. Malgré cet inconvénient, qui détruit presque tout l’intérêt d’une histoire, nous nous serions peut-être décidés à insérer la Chronique du roj Jehan, si elle n’étoit pas trop souvent dénuée de détails sur les faits qui piquent le plus vivement la curiosité. Prenons pour exemple deux des événemens qui ont eu le plus d’importance sous le règne de Jean-le-Bon. On sait que ce monarque, presque en montant sur le trône, fit trancher la tête, sans jugement préalable, au comte d’Eu, connétable de France ; que cet acte, aussi cruel qu’arbitraire, excita de justes mécontentemens parmi les grands du royaume, aliéna au Roi le cœur de ses peuples, et fut en partie cause des malheurs qui écrasèrent la France à cette époque.

La mort du connétable est rapportée en quelques lignes dans la chronique, à la fin du chapitre consacré au récit du sacre du Roi et de la Reine. L’auteur dit que le connétable fut arrêté le mardi à l’hôtel Saint-Paul, où étoit le Roi ; qu’il fut exécuté dans ledit hôtel le vendredi, en présence du duc de Bourgogne, du comte de Montfort, de messire Jean de Boulogne et de plusieurs autres, pour tres grans et mauvaises traysons que il avoit faites et commises contre ledit Roj Jehan, lesquelles traysons ledit connestable confessa en la présence du duc d’Athènes et de plusieurs autres de son lignage, et fut le corps enterré en l’ostel des Augustins à Paris, hors du moustier du commandement du Roy, pour l’onneur des amis dudit connestable. Villaret a profité de ces dernières