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entre la france et l’angleterre.


partout elle enleva au moins le quart de la population. Boccace a mis en tête de son Décaméron une description éloquente, mais fidèle, des effets de cette peste ; bizarre introduction à des nouvelles aussi gaies que licencieuses.

La colère céleste sembloit s’appesantir plus particulièrement sur la France. Nos provinces, après avoir été dévastées par la guerre, furent en proie à la famine, et la peste vint mettre le comble aux maux du royaume. Philippe de Valois, qui avoit commencé son règne sous de si heureux auspices, voyoit sa gloire ternie, ses armes humiliées, et ses États en proie à tous les fléaux. Les guerres presque continuelles qu’il eut à soutenir l’avoient forcé à créer de nouveaux impôts, qui pesoient plus particulièrement sur le peuple et augmentoient sa misère. Ce fut lui qui établit la gabelle. Depuis long-temps déjà des droits avoient été mis sur le sel, mais le commerce en étoit libre ; il cessa de l’être, et le sel ne fut plus vendu que pour le compte du Roi. Édouard nommoit assez plaisamment Philippe l’auteur de la loi salique ; celui-ci l’appeloit marchand de laines, parce que les Anglais payoient leurs subsides en laines qu’Edouard vendoit aux Flamands. Ces plaisanteries couroient l’Europe et rendoient la haine des deux monarques plus implacable. Les impôts nouveaux et anciens étant encore insuffisans, il fallut recourir à d’autres moyens. On rechercha les financiers et tous les usuriers lombards et italiens qui avoient tenu à ferme les revenus publics. Les plus riches échappèrent, ainsi qu’on l’a toujours vu, en sacrifiant une foible partie de leurs gains illicites ; Philippe lui-même leur accordoit des