devenoit impossible de les réduire par la force ; on
tenta d’autres moyens pour s’en délivrer. Le pape
Innocent VI qu’elles menaçoient dans Avignon, fournit de l’argent au marquis de Monferrat, qui décida
une partie de ces brigands à le suivre en Italie où il
faisoit la guerre aux Visconti. À peu près à la même
époque, Jean traita avec Henri Transtamare, frère
naturel de Pierre-le-Cruel, roi de Castille, et lui fit
prendre l’engagement d’emmener le reste de ces compagnies
pour soutenir les droits qu’il prétendoit avoir
au trône. Mais ce dernier traité, conclu le 28 juillet
1362, ne put être exécuté que sous le règne suivant.
Malgré la misère des provinces, il falloit lever d’énormes subsides pour acquitter la rançon du Roi. Les impôts ne suffisant pas, on altéra les monnoies ; on vendit aux Juifs le droit de rentrer en France ; Jean se décida même à marier sa fille Isabelle avec Jean Galeas, usurpateur du duché de Milan, et, suivant plusieurs historiens, se fit donner une somme d’argent considérable pour consentir à ce mariage. Le Roi, instruit par l’adversité, s’efforçoit, à l’aide d’une bonne administration, de réparer les maux que ses imprudences avoient causés à l’État ; il réformoit les abus, publioit des réglemens utiles, et veilloit à ce que la justice fût rendue à ses sujets. Les revenus de la Couronne ayant subi une grande diminution par le dernier traité, il révoqua toutes les concessions de domaines qui avoient été arrachées, sous les derniers règnes, par l’intrigue ou par l’importunité, et déclara les comtés de Toulouse, de Champagne et de Brie, et le duché de Normandie inaliénables. Malheureusement il s’écarta bientôt lui-même de ces sages dispo-