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précis des guerres


et Knolles lui-même s’estime heureux de pouvoir se sauver en Bretagne.

Les jours de gloire et de prospérité étoient passés pour l’Angleterre, et il sembloit, comme dit Mézeray, que la sagesse de Charles V eût attaché la fortune à son service. Chaque jour Édouard éprouvoit de nouvelles pertes, tandis que la France acquéroit de nouvelles forces. Le prince de Galles, affoibli de plus en plus par une maladie cruelle, et à laquelle l’art ne trouvoit point de remède, avoit été obligé de quitter la Guyenne, où ses talens, son activité et son génie eussent été si nécessaires. Chandos, l’un de ses meilleurs capitaines, avoit été tué l’année précédente ; Knolles étoit abattu, et le Roi lui-même, cassé par l’âge, n’osoit compromettre sa gloire en prenant le commandement de ses armées. Charles V avoit attiré à son service presque toute la noblesse de Bretagne, quoique le duc de Montfort fût gendre d’Edouard et entièrement dévoué à ses intérêts. Les seigneurs de Guyenne, qui n’avoient point encore osé se déclarer, prenoient parti pour la France, et Yvain de Galles, dont Édouard avoit fait décapiter le père, étoit devenu le plus redoutable de nos amiraux.

La victoire du connétable avoit dégagé le Berry, l’Anjou et la Tourraine ; le Limousin et le Rouergue étoient soumis. Pendant les années 1371 et 1372, Du Guesclin poursuivit ses conquêtes dans le Poitou, dans l’Aunis et dans la Saintonge. Édouard avoit équippé une première flotte qui fut battue par celle que le roi de Castille avoit envoyée au secours de la France ; il part lui-même avec une deuxième expé-