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entre la france et l’angleterre.


la seule ville qu’il possédât encore dans le duché. Ces deux acquisitions étoient importantes ; elles montroient l’habileté de la régence qui gouvernoit pendant la minorité de Richard II, et qui, ne pouvant réparer les pertes de l’Angleterre, lui assuroit des moyens d’attaque pour l’avenir.

Cependant le pape Grégoire XI [mars 1378] venoit de mourir au moment où il se disposoit à quitter Rome. Les habitans de cette ville, qui craignoient de voir encore le saint Siège transféré à Avignon, demandèrent avec menace que son successeur fût italien. Les cardinaux effrayés nommèrent Barthelemy Prignano, archevêque de Bari, qui prit le nom d’Urbain VI. Mais bientôt ils prétendirent que l’élection, qui n’avoit pas été libre, étoit nulle, et que Barthélemy lui-même avoit pris l’engagement d’abdiquer. Ils quittèrent Rome, se réunirent à Agnani, puis à Fondi, sommèrent Urbain de remplir sa promesse, et, sur son refus, nommèrent un autre pape. Ce fut Robert, frère du comte de Genève, qui se fit appeler Clément VII. Tous les Etats chrétiens se partagèrent entre les deux papes. Charles V, après avoir fait examiner les droits de chacun d’eux par une assemblée d’évêques et de docteurs, se déclara pour Clément VII. Ses alliés y adhérèrent ; ses ennemis prirent parti pour Urbain. Le schisme se prolongea pendant quarante ans, entraîna de grands scandales et de grands désordres ; il ne finit qu’au concile de Constance. Plusieurs historiens prétendent que les cardinaux, avant d’élire Clément, avoient fait proposer le souverain pontificat au roi de France, qui étoit veuf, et que ce prince refusa, parce que, étant estropié du bras droit, il n’auroit pu célébrer la messe.