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précis des guerres


rer convenablement la mémoire d’un grand homme, ordonna que le corps du connétable fût transporté à Saint-Denis, et placé dans le tombeau des rois.

La perte que la France venoit d’éprouver étoit d’autant plus sensible que d’après un nouveau traité conclu entre la cour de Londres et le duc de Bretagne, une armée anglaise débarquoit à Calais, sous les ordres du duc de Buckingham. Le système de défense que le Roi avoit suivi jusqu’alors, lui avoit trop bien réussi pour qu’il s’en écartât, et il devoit y tenir plus que jamais depuis la mort du connétable. Il donna donc à ses généraux les mêmes ordres que lorsque le duc de Lancastre étoit entré dans le royaume en 1373. En vain, ses troupes, animées d’une incroyable ardeur, sollicitoient avec instance la permission de combattre. Il fut inébranlable : « Laissés les Anglois faire leur chemin, répondoit-il, ils se dégasteront par eux-mêmes. » Le Roi avoit en outre des motifs particuliers pour ne pas risquer une bataille. Les Bretons s’étoient montrés peu disposés à devenir sujets de la France, mais ils détestoient les Anglais ; ils avoient hautement manifesté leur mécontentement, lorsqu’ils avoient appris que Montfort, rappelé par eux, sollicitoit des secours chez leurs ennemis. Charles, habile à profiter de leurs dispositions, avoit déjà fait prononcer plusieurs villes contre le duc ; l’arrivée d’une armée anglaise, épuisée par une longue marche et par des combats continuels, trop foible pour contenir le pays, devoit nécessairement opérer en Bretagne une révolution favorable à la France. Le Roi étoit peut-être à la veille de voir enfin cette province réunie a la Couronne, et de terminer glorieusement la seule de ses entreprises qui