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SUR DU GUESCLIN.

aussi celle d’un fort galant homme qui sçavoit faire les choses à coup porté, soûtenant par de fort beaux endroits, la gloire de sa nation.

Son retour à Rennes fut accompagné de tous les applaudissemens imaginables : le gouverneur, les officiers de la garnison, les plus notables bourgeois de la ville coururent à l’envy pour l’embrasser, et ne pouvoient tarir sur les loüanges qu’ils donnoient à une si généreuse action. Ses parens enchérirent encore sur les autres, et luy préparèrent un fort magnifique repas, afin qu’il se pût agréablement délasser de toutes les nobles fatigues qu’il venoit d’essuyer. Ce fut avec un extrême plaisir qu’ils entendirent le récit qu’il leur fit de toutes les circonstances qui étoient entrées dans ce célèbre combat, qu’il avoit donné sous les yeux du duc de Lancastre, du comte de Pembroc et de toute l’armée angloise, qui venoit de voir avec un œil jaloux la défaite d’un de leurs braves, qui reconnoissoit qu’il devoit la vie à Guesclin, son vainqueur, qui avoit droit de la luy ôter, si la clémence et la générosité ne l’eussent emporté dans son cœur, au dessus de la vengeance et du ressentiment, que les âmes aussi bien nées que celle de Bertrand ont coutume de mépriser.

Cependant le duc de Lancastre n’oublia pas le soin de son siege. Il avoit fait préparer une grande machine de guerre, qu’il fit approcher des murailles de Rennes, étant appuyée sur des roües qui en facilitoient le mouvement. C’étoit une espèce de tour de bois, dont la hauteur égaloit celle des murs de la ville, et dans laquelle il avoit fait entrer grand nombre d’arbalestriers, qui tiroient à coup sûr sur les assiegez